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« Les droits des femmes occuperont le devant de la scène en 2020 »1

L’année 2020 était une année charnière pour l’égalité des genres, et ce pour de nombreuses raisons. Cinq ans après le lancement des Objectifs de développement durable (ODD), vingt ans après la résolution historique du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité, vingt-cinq ans après la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, 2020 est une année importante pour la réflexion, l’engagement et l’action.

Lancé fin 2020, le troisième plan d’action de l’UE en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes réaffirme que l’égalité entre les hommes et les femmes et l’émancipation des femmes et des filles (GAP III) continue à constituer un objectif politique essentiel de l’action extérieure de l’UE.

Depuis lors, le monde a fait de nombreux progrès, mais le chemin à parcourir pour parvenir à l’égalité des genres est encore long. Les avancées durement acquises sont fortement remises en cause et de nouveaux défis sont apparus.

Les trois quarts des pays du monde disposent aujourd’hui de lois sur la violence domestique, mais 137 femmes dans le monde sont tuées chaque jour par un membre de leur propre famille ; dans l’Union européenne, une femme sur dix déclare avoir été victime de cyber-harcèlement depuis l’âge de 15 ans.

Davantage de femmes et de filles peuvent accéder à l’éducation, mais l’écart entre les sexes en matière de participation au marché du travail stagne. Partout, ce sont les femmes qui assument en grande partie les soins et le travail domestique non rémunérés, souvent au détriment de leur carrière et de leur participation à l’économie. Et si la pauvreté mondiale a reculé, elle reste fortement féminisée : les femmes âgées de 25 à 34 ans ont 25 % de chances de plus que les hommes de vivre dans l’extrême pauvreté.

La crise de la COVID-19 : Un nouveau fossé entre les sexes ?

Les enjeux sont encore plus élevés depuis que la pandémie de coronavirus ravage le monde, car les périodes de grande crise placent souvent les femmes en première ligne. Elles prennent des décisions cruciales sur la manière de faire face aux effets de la crise sur la santé publique, la société et l’économie, mais sont en même temps touchées de manière disproportionnée par la pandémie. L’emploi et les conditions de travail ont connu des bouleversements majeurs, soulevant la question d’un possible renversement des progrès en matière d’égalité des genres. Une participation accrue des femmes dans le redressement en cours de la pandémie de la COVID-19 sera crucial dans la reconstruction des sociétés plus inclusives, plus justes et plus écologiques.

Au rythme actuel, il faudra attendre encore 100 ans pour réaliser la parité entre les genres dans les domaines de la politique, de l’économie, de la santé et de l’éducation, selon la conclusion du Global Gender Gap Report 2020. Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Le rapport signale également des domaines d’action susceptibles de faire progresser l’égalité entre les sexes, p. ex. l’augmentation de la représentation politique des femmes, la mise en place d’infrastructures de soins abordables et le partage équitable des tâches domestiques et des soins, ainsi que l’enseignement aux jeunes femmes et aux filles des compétences dont elles ont besoin pour réussir dans leurs emplois futurs.

Le Luxembourg réaffirme son engagement inébranlable en faveur de la Plateforme d’action de Pékin et de l’ensemble des actions en faveur de l’égalité des genres qui y sont décrites. Le renforcement des droits des femmes et des filles constitue un élément-clé de l’objectif globale de la stratégie générale de la Coopération luxembourgeoise, et l’une des trois thématiques transversales de son action. Ainsi, la Coopération luxembourgeoise a poursuivi en 2020 son approche de transversalisation (mainstreaming) de la thématique à travers ses projets et programmes de coopération, dans une logique de cohérence. La réalisation des droits des femmes comme droits humains fondamentaux et de l’égalité des genres exige une approche coordonnée et multisectorielle qui implique toutes les parties prenantes, y compris la société civile et les organisations de femmes, ainsi que le monde des affaires.

Conformément à l’objectif d’adopter une approche sensible au genre, en 2020 la Coopération luxembourgeoise a révisé son ancienne stratégie en matière de genre sur base des orientations politiques et stratégiques développées aux niveaux international, européen et national. Ceci afin d’intégrer la dimension du genre et de l’égalité des genres dans tous les projets et programmes soutenus par l’aide publique au développement, ainsi qu’au sein de notre structure institutionnelle.

Le Luxembourg a soumis sa réponse au 2019 Rapport du Plan d’action genre de l’UE en matière d’égalité entre les femmes et les hommes (Gender Action Plan, GAP) II et a aussi participé à la consultation ciblée en préparation du 3e plan d’action pour la période 2021-2025. Lors de la réunion du Conseil Affaires étrangères en formation développement en novembre 2020, le ministre Franz Fayot a soutenu la mise en œuvre du GAP III en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le monde entier. Il a en outre plaidé pour des objectifs ambitieux (notamment 85 % d’actions en lien avec le genre dans l’action extérieure) et le maintien d’un langage ambitieux (gender equality au lieu de equality between men and women).

La Coopération luxembourgeoise poursuit une approche de tolérance zéro à l’égard de la violence sexuelle et basée sur le genre dans ses programmes tout comme au sein de son institution. Dans cette optique et depuis début 2020, toute ONGD qui demande un financement de la part du MAEE doit au préalable avoir adhéré à une Charte portant sur la prévention et la lutte contre le harcèlement, l’exploitation et les abus sexuels, avancée par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en 2019. En adhérant à cette Charte, toute ONGD souscrit aux engagements minimaux pour lutter contre toute forme d’exploitation, d’abus et d’harcèlement sexuel (SEAH ).

Le Luxembourg a défendu vigoureusement le langage le plus fort en matière des droits humains des femmes et des filles dans toutes les enceintes internationales. C’est dans ce cadre qu’en 2020, le Luxembourg a été parmi les signataires d’une lettre commune de donateurs au Secrétariat du Conseil d’administration des Nations unies sur l’intégration du langage aligné SEAH pour les organisations multilatérales.

Pour soutenir la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, la Coopération luxembourgeoise a été le premier donateur international à confirmer son soutien à l’hôpital Panzi pour femmes et enfants du Dr Mukwege en République démocratique du Congo, à hauteur de 5 millions d’euros. L’intérêt particulier réside dans l’apport d’un soutien holistique au traitement des victimes de viols, tout en facilitant l’accès des victimes à la justice.

1 Titre d’un article publié dans le journal The Guardian (consulté le 08 avril 2021).