La Coopération multilatérale
La coopération multilatérale constitue un pilier central de la politique de développement du Luxembourg, représentant environ 30 % de son budget annuel d’aide publique au développement (APD). Elle permet au Luxembourg de contribuer activement à la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) du Programme 2030 des Nations unies.
L’année 2024 a été marquée par un renforcement des partenariats stratégiques, le lancement de nouveaux programmes et un engagement actif dans les grandes instances multilatérales.
Nouveau partenariat avec l’UNICC
En juillet 2024, un partenariat stratégique a été conclu entre le Luxembourg et le Centre international de calcul des Nations unies (UNICC). Portant sur une période de cinq ans pour un montant total de 3,95 millions d’euros, ce partenariat stratégique prévoit entre autres une contribution du Grand-Duché au fonds de cybersécurité de l’UNICC, dont l’objectif est de renforcer les mesures de cybersécurité au sein du système des Nations unies et de ses organisations affiliées; l’établissement d’une présence de l’UNICC et d’un centre de données au Luxembourg, permettant ainsi à l’UNICC de bénéficier de l’expertise et des capacités techniques du Luxembourg; et l’autorisation d’accès aux capacités de supercalcul du Luxembourg pour le système des Nations unies, afin de renforcer le traitement avancé des données et les capacités analytiques pour faire face efficacement aux défis mondiaux complexes.
Premier cadre de partenariat stratégique avec le BHCDH
Le Luxembourg a également renforcé son partenariat avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme en signant un cadre stratégique en juillet 2024, prévoyant un soutien de 6 millions d’euros pour 2024 – 2027. Ce partenariat cible principalement les pays en développement, en soutenant des programmes au Myanmar, au Rwanda et dans plusieurs bureaux régionaux. Le financement se concentre sur la lutte contre les violations des droits humains et la protection des populations vulnérables. Le Luxembourg a aussi apporté un soutien supplémentaire aux TPO et contribué au Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance technique à l’appui de la participation des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement aux travaux du Conseil des droits de l’homme (« LDCs/SIDS Trust Fund »).
Collaboration renforcée avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Le 20 décembre 2024, la visite de travail du Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur invitation du ministre Bettel, a été l’occasion de signer le nouveau cadre de partenariat stratégique 2025 – 2028 pour un montant de 46,5 millions d’euros. Il s’agit de la contribution financière la plus importante qui sera allouée à l’OMS par le Luxembourg, qui est à présent le contributeur financier le plus important par habitant de l’OMS. Le ministre Bettel a également annoncé la contribution financière de 500.000 EUR du MAE au programme de riposte contre le virus mpox de l’OMS, le « WHO Mpox Appeal ».
Engagement renouvelé avec l’UNRWA
Face à la détérioration de la situation humanitaire dans les TPO et dans la région, le Luxembourg a réaffirmé son soutien à l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, en allouant une contribution à 9,8 millions EUR pour 2024. En octobre 2024, un nouveau cadre de partenariat stratégique a été signé, avec une contribution de 30 millions EUR pour la période 2025 – 2027, visant à améliorer l’accès à des services essentiels comme l’éducation et la santé pour les réfugiés palestiniens.
Programmes et projets spécifiques
En matière de financement, le Luxembourg continue de respecter son engagement envers le Pacte de financement des Nations unies de 2019, en allouant au moins un tiers de ses contributions aux ressources de base, assurant ainsi une prévisibilité et une flexibilité des financements pour les organisations multilatérales. Le reste des contributions se répartit entre des financements thématiques et des projets dits « multi-bi », principalement mis en œuvre dans les pays partenaires du Luxembourg.
En 2024, de nouveaux projets ont été lancés, notamment avec le PNUD pour des initiatives de déminage en Ukraine et au Laos, avec l’UNICEF au Bénin sur un projet relatif à la cybersécurité des enfants, avec le FNUAP au Rwanda et au Laos, ainsi qu’avec l’OIF en Afrique francophone.
La Coopération luxembourgeoise a également accordé une contribution supplémentaire de 2 millions d’euros au « Special Trust Fund for Afghanistan », soutenant la stratégie ABADEI pour prévenir une catastrophe humanitaire et socio-économique en Afghanistan, notamment en répondant aux besoins croissants des femmes et des jeunes filles.
Enfin, en ligne avec l’engagement du Luxembourg en faveur de la réforme du système de développement onusien, le Luxembourg a également contribué au Fonds commun pour les ODD et au Fonds d’affectation spéciale pour les coordonnateurs résidents.
Consultations annuelles, conseils d’administration et gouvernance
Dans le cadre de ses partenariats stratégiques avec les agences onusiennes et les institutions multilatérales, le Luxembourg organise des consultations annuelles de haut niveau pour évaluer l’impact de ces collaborations et définir de nouvelles priorités. Ces échanges permettent de faire le point sur les priorités de coopération, les stratégies de mise en œuvre et les résultats obtenus sur le terrain.
En 2024, le Luxembourg a notamment pris part à des réunions avec l’UNICEF, le PNUD, le FNUAP, ONU Femmes et le FENU à New York et avec l’OMS, l’ONUSIDA et l’OIT à Genève.
Au-delà des consultations annuelles, la Coopération luxembourgeoise joue également un rôle actif dans les instances de gouvernance des organisations multilatérales, comme en témoigne notamment son engagement au Conseil d’administration d’ONU Femmes ou encore l’élection de M. Christophe Schiltz, gouverneur du Luxembourg auprès du FIDA, au mandat de Président du Bureau du Conseil des gouverneurs, marquant ainsi une étape importante pour la contribution du Luxembourg au sein de cette institution.
Par ailleurs, de juin 2023 à juin 2025, le Luxembourg représente au Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme la circonscription « Point Seven », composée de l’Irlande, la Suède, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et le Luxembourg. Dans ce cadre, la Coopération luxembourgeoise a notamment organisé un séminaire à Luxembourg les 30 et 31 janvier 2024, réunissant les membres de la circonscription pour finaliser des documents de gouvernance et redéfinir certaines positions stratégiques. En 2024, les conseils d’administration du Fonds mondial se sont tenus à Genève du 22 au 24 avril, et à Lilongwe du 20 au 22 novembre.
La Coopération luxembourgeoise a également organisé un événement à Luxembourg avec la « Coalition for Epidemic Preparedness Innovations » (CEPI), afin de présenter les travaux de CEPI à des acteurs luxembourgeois du secteur de la santé et de la recherche. CEPI, fondée en 2017, est un partenariat public-privé axé sur le financement de la recherche, du développement et de la fabrication de vaccins contre les maladies infectieuses émergentes. Ce partenariat soutient également un accès équitable à ces vaccins, renforçant la collaboration internationale dans ce domaine.
Le Luxembourg a participé au Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, organisé par Gavi l’Alliance des vaccins, la France et l’Union africaine en juin 2024 à Paris. A cette occasion, Gavi a présenté un nouveau mécanisme financier, l’ « African Vaccine Manufacturing Accelerator » dont l’objectif est de soutenir au moins quatre fabricants de vaccins en Afrique. Cela permet de soutenir l’Union africaine dans son ambition de produire au moins 60 % des doses totales de vaccins nécessaires en Afrique à l’horizon 2040. Le Luxembourg y alloue 3 millions d’euros, dans le cadre de « Team Europe ».
De plus, le Luxembourg a participé aux côtés de la Belgique et du Canada, à la cinquième évaluation de l’OMS par le réseau « Multilateral Organisation Performance Assessment Network » (MOPAN), en tant que « responsables institutionnels » (« institutional leads »). Cette évaluation de l’OMS par le MOPAN mesure l’efficacité organisationnelle de l’OMS et son impact sur l’efficacité des programmes de l’OMS en matière d’aide au développement.
Enfin, le Sommet de l’avenir, organisé en 2024 sous le thème « Des solutions multilatérales pour un avenir meilleur », a réuni des leaders mondiaux pour aborder les défis globaux et repenser le système multilatéral. Le Luxembourg, par l’intervention de Luc Frieden à l’Assemblée générale des Nations Unies, a souligné l’importance de renforcer la coopération mondiale et de réformer les institutions internationales. Le sommet a abouti à l’adoption d’un « Pacte pour l’avenir », fixant des orientations stratégiques pour le système onusien.

